Mars 2018 Les corticoïdes dans le choc septique
Les corticoïdes dans le choc septique : finalement oui.
Adjunctive Glucocorticoid Therapy in Patients with Septic Shock.Venkatesh B; N Engl J Med. 2018 Mar 1;378(9):797-808
Ce site utilise Matomo pour analyser votre navigation dans le respect du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Voulez-vous nous aider à améliorer le service offert en autorisant Matomo à collecter ces informations ? En savoir plus
Voulez-vous nous aider à améliorer le service offert en autorisant Matomo à collecter ces informations ? En savoir plus
Introduction
L'utilisation des corticoïdes dans le choc septique
reste très débattue, bien qu'ils soient mentionnés dans la "Surviving Sepsis
Campaign" 2016. L'objectif de l'étude était de montrer que l'hydrocortisone
(HSHC) améliore la mortalité dans le choc septique.
Méthodes
Il
s'agit d'une étude internationale multicentrique randomisée, contrôlée, en
double aveugle. Les patients inclus étaient en choc septique sous ventilation
mécanique avec administration d'agents vasopresseurs ou inotropes depuis au moins
4h au moment de la randomisation. Les critères d'exclusion incluaient une
prescription d'étomidate, un pronostic limité dans les 90 jours en raison d'une
comorbidité, une mesure de LATA. Le groupe interventionnel recevait un
traitement par HSHC à 200 mg/jour en continu pendant 7 jours. Le groupe
contrôle recevait un placebo. Le critère de jugement principal était la
mortalité toutes causes à J90. 3800 patients étaient nécessaires dans une
hypothèse de supériorité des corticoïdes pour une diminution de 5% d'une mortalité
de référence à 33% (α = 0,05 et 1-β = 90%). L'analyse a eu lieu en intention de
traiter.
Résultats
3658 Patients ont été randomisés (1832 groupe HSHC /1826 groupe placebo). 68% des patients inclus avaient un sepsis d'origine médicale. Le délai moyen de randomisation était de 21h. Il n'y avait pas de différence significative sur la mortalité à J90 entre les 2 groupes (27,9% vs 28,8%) [OR 0,95; IC 95% 0,82-1,1 p=0,50]). Dans l'analyse de sous-groupe en fonction du délai d'instauration du traitement, les patients recevant de l'HSHC dans les 6-12h du début du choc avaient une mortalité moins importante que le groupe placebo (24,9 % vs 31,5% ; OR 0,71 IC 0,54-0,94]). La médiane de résolution de l'état de choc était plus courte dans le groupe HSHC (3 vs 4 j. (OR 1,32 IC 1,23-1,41 p<0,001]). Les effets secondaires étaient plus fréquents dans le groupe HSHC (1,1 vs 0,3%, p= 0,009) sans différence retrouvée entre les groupes pour les plus sévères d'entre eux
Discussion
Bien que la mortalité à J90 ne soit pas différente selon
les 2 groupes de patients, certains éléments peuvent être discutés, notamment
en comparant les résultats de cette étude à une autre étude récente, positive
celle-ci sur la mortalité à J90, publiée par Annane et coll. (DOI: 10.1056/NEJMoa1705716)
Les chocs septiques présents sont moins graves dans
cette étude que dans celle d'Annane, comme en atteste la mortalité (30 vs 50%).
Néanmoins, l'analyse de sous-groupe des malades les plus graves (Apache >25
/ noradrénaline > 15µg/kg/min) ne montre qu'un faible signal,
statistiquement non significatif.
Le délai d'introduction du traitement par rapport
au début du choc est important. Même si il n'y avait pas d'interaction statistiquement
significative dans le sous-groupe en fonction de ce délai, ce qui nous empêche
de conclure formellement, les patients recevant de l'HSHC dans les 6-12h du début du choc présentaient
une mortalité moins importante que le groupe placebo alors que cet effet
disparaissait pour les patients les recevant dans les 6 premières heures ou
après 12 h. A noter quand même que l'IC de cet effet sur la mortalité était
très large (OR 0,54-0,94).
Enfin, l'absence d'utilisation associée de
fludrocortisone, comme dans l'étude positive d'Annane et coll. peut également poser
question.
Conclusion
Pour les équipes de réanimation
utilisant dans leur pratique quotidienne l'HSHC dans le choc septique, il faut
prendre une décision. Cette étude ne montre pas de supériorité du groupe
corticoïde mais ne permet pas de conclure non plus à une équivalence. Cependant,
la relative innocuité du traitement par HSHC, le signal donné par l'analyse de
sous-groupe entre H6 et H12, chez les patients les plus graves, et les données
de l'étude d'Annane vont dans le sens de la poursuite de cette thérapeutique à
partir de H6, c'est-à-dire une fois le remplissage effectué et monitoré.
Présents
Pr Boyer, Drs Bui, Clouzeau, Sazio, Pillet, Laterrade,
Guesdon, Cayrol, Perfetti, (Médecine intensive Réanimation GH Pellegrin), Dr Champion (Déchocage GH
Pellegrin), Dr Berdaï (Pharmacologie GH Pellegrin), Dr Griton (Maternité, GH Pellegrin), Dr Fristch (Réanimation Hôpital Robert Picqué),
Experts
Dr Dewitte (Reanimation GH Sud Magellan) Pr Gruson (Médecine intensive Réanimation GH Pellegrin)
Mars 2018