Introduction
Dans
le choc septique, les recommandations préconisent un objectif de PAM ≥
65 mmHg mais son grade de recommandation est 1C notamment chez les
patients hypertendus connus. L'objectif de ce travail était de comparer 2
niveaux de PAM (65-70- « Low target »- versus 80-85 mmHg- « High
target ») dans la prise en charge précoce du choc septique en terme de
mortalité.
Méthode
Essai randomisé multicentrique prospectif interventionnel non aveugle (mars 2010-déc 2011). Stratification prévue a priori sur la présence d'antécédent d'HTA.
Inclusion: patients
en choc septique sous catécholamines depuis ≤ 6h. Les vasopresseurs
devaient être ajustés selon l'objectif de PAM au cours des 5 premiers
jours.
Les critères d'EER étaient prédéfinis. Les patients ayant reçu des néphrotoxiques étaient exclus.
Le critère de jugement principal était la mortalité à J28.
L'analyse
a été réalisée en intention de traiter. 800 patients par groupe étaient
nécessaires estimant un taux mortalité attendue de 45% dans le choc
septique et une réduction de 10 % de celle-ci dans le groupe High target
pour une puissance de 80%.
Résultats
Sur
4098 patients éligibles, 798 (19.5 %) ont été inclus. Les 2 groupes
sont identiques au moment de la randomisation y compris pour la PAM
initiale (74 mmHg en moyenne)
Il
n'y a pas de différence significative de mortalité à J28 : 36.5 % High
Target versus 34 % Low Target (p = 0.57). Chez les patients aux
antécédents d'HTA du groupe Low Target, sont observés un doublement de
la créatininémie (p=0.009) et une augmentation du recours à l'EER
(p=0.04). Il y avait plus de fibrillation auriculaire dans le groupe
High Target comparé au groupe Low Target (6.8 versus 2.8%; p = 0.02).
Discussion
Bien
que la méthodologie de l'étude soit robuste, l'évaluation de ces 2
stratégies thérapeutiques est gênée par la difficulté à rester dans la
cible d'objectif tensionnel (PAM constamment >70 mmHg dans le groupe
low target).
De
plus, l'arrêt des catécholamines à 48h en moyenne pose la question de
la sévérité des chocs septiques et rend plus difficile l'obtention d'une
PAM<70mmHG dans le groupe low target.
Cependant
il s'agit d'une analyse en ITT qui apprécie donc mieux la vraie vie
dans laquelle il est en effet fréquent d'observer des PAM supérieures
aux objectifs prescrits. Nous regrettons l'absence d'analyse en per
protocole qui aurait permis de se faire une idée de la différence entre
patients réellement à l'objectif tensionnel et les autres.
Les
résultats sur le sous-groupe des patients aux antécédents d'HTA sont
discutables : la différence statistique de l'augmentation du recours à
l'EER est faible (p=0.04), soumise à l'absence d'aveugle sachant que les
critères d'initiation de l'EER sont arbitraires. Par ailleurs, nous ne
savons pas ce que représente le doublement de la créatinine car
l'article ne fournit aucune donnée sur les chiffres absolus de
créatinine mais seulement une différence relative (doublement).
L'objectif du groupe high target n'aboutit à aucune augmentation de la
diurèse.
Conclusion
On
peut garder l'objectif de PAM de 65-70 mmHg dans le choc septique quels
que soient les antécédents d'HTA. L'intérêt d'augmenter la PAM chez
l'hypertendu chronique reste à confirmer vu les limites de l'étude sur
ce point.
L'étude
souligne la tendance des équipes soignantes à chercher à maintenir des
objectifs tensionnels trop hauts bien qu'il n'y ait pas de rationnel
physiologique démontré.
Experts
Dr Gosse (Cardiologie HSA)
Présents
Pr
Gruson, Drs Boyer, Clouzeau, Bui, Pillet, Martin, Romen, Deguillebon, Sazio (Médecine Intensive Réanimation,
GH Pellegrin)
Dr Dewitte (Réanimation
GH Sud Magellan), Dr Stecken (Déchoquage,
GH Pellegrin), Dr Berdaï (Pharmacologie,
GH Pellegrin)