Troubles musculo-squelettiques
Voulez-vous nous aider à améliorer le service offert en autorisant Matomo à collecter ces informations ? En savoir plus
Les troubles musculo-squelettiques (TMS)
regroupent un ensemble d’affections de l’appareil locomoteur (muscles,
tendons, nerfs, articulations…) se traduisant par des douleurs et une
gêne fonctionnelle. Ce sont des maladies plurifactorielles, mais avec
une forte composante professionnelle. En effet, les TMS représentent
plus de 80% des maladies professionnelles déclarées, et les déclarations
de maladies professionnelles liées à des TMS sont en forte
augmentation, avec une croissance supérieure à 13% par an sur la
dernière décennie dans les pays d’Europe de l’ouest. Les enjeux sont
donc énorme en terme de santé publique et de santé au travail, et
justifient la plus grande attention en terme d’identification des
troubles, des facteurs de risque, et l’élaboration de stratégies
préventives.
Que sont véritablement les TMS ?
Le premier problème réside dans la définition relativement floue. C’est un ensemble de pathologies qui peuvent paraître a priori très éloignées les unes des autres : cervicalgies, lombalgies, tendinites des épaules, des coudes, syndrome du canal carpien… En fait, tous ces troubles ont un caractère commun essentiel : ils résultent d’une inadéquation entre les capacités physiques du corps et les sollicitations ou contraintes auxquels il est exposé.Quelles sont les facteurs favorisants les TMS ?
Si
le principe général d’une TMS est cette inadéquation entre capacités
physiques et efforts fournis, les TMS sont des maladies fondamentalement
plurifactorielles où interviennent plusieurs types de facteurs :
Les facteurs mécaniques : les mouvements
répétitifs, les postures prolongées, les vibrations, l’exposition
prolongée au froid sont des facteurs évidents et souvent retrouvés. On
comprend aisément qu’un travailleur qui manipule toute la journée un
marteau-piqueur se plaindra fréquemment d’un syndrome du canal carpien
et de tendinites des membres supérieurs.
Les facteurs psychologiques : beaucoup plus
difficiles à appréhender et à faire accepter, ils sont pourtant un
élément essentiel dans le passage à la chronicité des TMS. Des conflits
larvés, un sentiment de dépréciation, des problèmes d’organisation ou
d’environnement au travail sont des éléments majeurs de cristallisation
d’un TMS, que l’on retrouve particulièrement dans les problèmes de maux
de dos.
Les facteurs individuels : l’âge, le sexe, une
pathologie chronique pré-existante (maladie endocrinienne…) sont
également des éléments qui influent sur l’expression d’une TMS.
En fait, le clinicien retrouve très souvent une intrication de ces 3
types de facteurs : une personne a été parfaitement capable de conduire
une activité pendant de nombreuses années sans problème notable, puis, à
la faveur d’un changement de poste, d’un changement de rythme de
travail, d’une modification de l’encadrement, d’un événement personnel
(pathologique ou relationnel, voire simplement lié au vieillissement),
un grain de sable vient enrailler la mécanique. Des douleurs
s’installent, vont être entretenues par la répétition de la situation ou
des efforts générant les douleurs, et le trouble s’organise
progressivement et va conduire à un handicap, des arrêts de travail
répétés, des consultations multiples… La complication ultime est bien
entendu l’incapacité et la perte du travail.
Comment prendre en charge les TMS ?
Il y a en fait trois étapes essentielles :
la démarche diagnostique :
une douleur peut témoigner de multiples pathologies. Même si une
douleur est apparue dans un contexte professionnel, elle peut révéler
des maladies qui n’ont strictement rien à voir avec le travail : une
douleur lombaire apparue au travail peut en fait témoigner d’une
métastase osseuse d’un cancer du colon, ou d’un rhumatisme inflammatoire
affectant la colonne vertébrale. La première étape est donc d’analyser
la situation sans le moindre préjugé, et d’aboutir à un diagnostic
lésionnel formel.
la recherche des facteurs favorisants :
cette deuxième étape ne se conçoit qu’une fois le diagnostic établi
formellement. Elle consiste à identifier les facteurs physiques, mais
aussi les facteurs psychologiques éventuels et les facteurs personnels
favorisant la survenue du trouble. Cette deuxième étape est cruciale
pour pouvoir faire des propositions thérapeutiques adaptées.
Le traitement
pourra comporter de multiples éléments : des médicaments, antalgiques
ou anti-inflammatoires et les infiltrations cortisoniques ont leur
place, l’arrêt ou la réduction des activités contraignantes, la
réalisation de pauses pour éviter l’excès de répétition de certains
mouvements, la rééducation, la confections d’orthèses de soutien d’une
articulation douloureuse sont essentielles pour traiter et éviter la
rechute. La prise en compte d’éléments psychologiques est souvent plus
délicate, mais cruciale.
Comment prévenir les TMS ?
C’est
bien entendu la question majeure et la question la plus difficile. La
médecine du travail a ici une place déterminante : identifier les
situations à risque, les personnes à risque, voir les personnes dans
leur situation professionnelle, identifier les conflits et proposer des
adaptations des postes de travail, limiter le caractère excessivement
répétitifs de certains gestes délétères ou des postures trop prolongées
(rester des heures assis devant un écran…), modifier des équipements
(l’utilisation des sécateurs pneumatiques dans les vignes est un parfait
exemple de la prévention des épicondylites dans notre région).
Auteur : Pr Thierry Schaeverbeke, chef du service de rhumatologie - CHU de Bordeaux
Information CHU de Bordeaux Mars 2014