Le "patient traceur"

La méthode du patient traceur a été introduite en France par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans le cadre de la procédure de certification des établissements de santé. Cette nouvelle méthode d'évaluation des pratiques professionnelles permet d'analyser de manière rétrospective, à partir de l'écoute du patient ou de ses proches et de l'étude de son parcours hospitalier, les processus de soins mais aussi les organisations qui s'y rattachent.

Des grilles génériques sont proposées par la HAS guidant à la fois la rencontre avec le patient et/ou ses proches puis celle de l'équipe ayant pris en charge le patient.
En pratique, la mise en œuvre de la méthode s'appuie sur un binôme d'animateurs formés et s'articule autour de 5 étapes :

L'étape 1 permet de choisir le parcours à analyser en prenant en compte les enjeux d'amélioration identifiés au sein du pôle, d'un service ou d'un secteur donné.

Selon le parcours sélectionné, les grilles d'analyses pourront être adaptées voire simplifiées.

L'étape 2 consiste à sélectionner un patient correspondant au profil recherché.

Afin de pouvoir analyser la prise en charge hospitalière la plus étendue possible et l'organisation de la sortie, on choisira idéalement un patient au plus proche de sa sortie. Le patient est informé des objectifs de la démarche et son consentement est recueilli.

L'étape 3 concerne la rencontre du binôme d'animateurs avec le patient et/ou ses proches.

Cet entretien permet d'explorer son ressenti en termes de satisfaction de ses besoins et de ses attentes, confidentialité, information, prise en charge de la douleur, délais d'attente, vérification de son identité, etc.

L'étape 4 porte sur l'analyse pluri professionnelle et pluridisciplinaire de l'ensemble du parcours du patient.

Si le patient a traversé plusieurs services/unités, il est important d'évaluer la qualité des interfaces et la collaboration entre les professionnels des différents services. Pour cela, il faut essayer d'avoir autour de la table une représentation de l'ensemble des soignants ayant pris en charge le patient.

Le questionnement mené par le binôme d'animateurs va porter sur les principales étapes de son parcours (entrée/accueil, identification du patient, prise en compte de la douleur, étape du diagnostic, étape du traitement, sortie/préparation de la sortie) cherchant ainsi à évaluer la continuité et la coordination des soins, la qualité et la sécurité de la prise en charge, la gestion des données du patient, les droits du patient.

Le dossier patient constitue le fil rouge de cette rencontre et les professionnels sont amenés à y rechercher la traçabilité des réponses données lors de la rencontre.
Les informations issues de l'entretien avec le patient sont restituées tout au long de la réunion d'équipe.

A la fin de l'analyse, les animateurs font une synthèse des constats réalisés. Les points positifs sont rappelés. Les points à améliorer sont identifiés à partir des écarts entre les pratiques réelles et les pratiques recommandées.

L'étape 5 permet d'élaborer avec les équipes les actions d'amélioration et de les mettre en place.

Une vingtaine d'analyses ont déjà été menées au CHU ce qui permet de dresser un premier bilan sur le déploiement de la méthode. Tout d'abord, les patients ont été sensibles à la démarche et très participatifs. Les professionnels expriment quant à eux, leur intérêt pour ces échanges avec d'autres équipes, la vision globale du parcours patient avec une meilleure connaissance des fonctionnements d'amont et d'aval et, le retour de la parole des patients.

Enfin, l'encadrement médical et paramédical souligne l'opportunité d'évaluer la réalité des organisations et l'application des recommandations mais aussi de valoriser l'équipe en identifiant ce qui va bien. Ils mettent également en avant l'implication des professionnels dans ces analyses, constatant eux-mêmes les dysfonctionnements et étant force de propositions d'actions d'amélioration.

Source : CHU de Bordeaux - Dr Isabelle Roger, médecin gestion des risques - Direction de la qualité et de la gestion des risques - Journal Passerelles octobre 2017