L'hôpital des Enfants

 Les collections du futur musée des Hôpitaux de Bordeaux conservent quelques objets de culte du XVIème siècle de grande qualité, une grande partie des pots de la pharmacie en faïence bordelaise du XVIIIème siècle ainsi que quelques registres des "enfants abandonnés" recueillis par l'hôpital.

 L'hôpital-hospice des Enfants du cours de l'Argonne, œuvre de l'architecte Jean-Marion Jelineau et bâti de 1883 à 1886, adoptait un parti architectural pavillonnaire individualisant des unités largement ventilées reliées entre elles par des galeries métalliques, ce qui n'excluait pas toute recherche décorative, galeries elles-mêmes reliées au bâtiment central dont la façade d'entrée aux lignes plus classiques offrait un aspect plus rassurant.

Jusqu'à la fin des années 1920, nourrissons, enfants assistés et enfants malades y cohabitèrent. Cette situation évoluera sensiblement avec l'ouverture et le transfert d'une partie des enfants assistés vers le foyer Eysinoff et l'acquisition par la commission des hospices du domaine de Cholet à Talence où sera installée une pouponnière, en fait un asile d'élevage où seront dispensés des cours sur l'hygiène et la pathologie des nourrissons.

Au même moment, la fédération des œoeuvres girondines de la protection de l'enfance, sensibilisée par le nombre important d'enfants abandonnés et la forte mortalité infantile, décidait de consacrer une partie du domaine à l'hébergement des jeunes mères et de leurs enfants.

 Magnifique demeure du XVIIIème siècle, œoeuvre de l'architecte Laclotte, le domaine de Cholet, par son architecture et ses éléments décoratifs (balcon, escalier intérieur...) témoignent aujourd'hui encore de son siècle. Une suite bien ordonnancée de salons et de pièces de réception caractérisait le château dont les dépendances nombreuses s'ouvraient sur un parc de 12 hectares remarquablement bien dessiné et boisé, s'élargissant sur le domaine viticole.

 Devenue par la suite maison maternelle, cet établissement sera lui-même réinstallé sur un terrain cédé  par la ville de Talence, libérant ainsi l'espace nécessaire à la réalisation en 1974, de l'ensemble des services de la direction générale  du Centre Hospitalier Universitaire et ce malgré la préférence affirmée de certains administrateurs pour la "modernité" des constructions en cours du quartier Mériadeck situé au coeœur de la ville de Bordeaux.

Parallèlement s'établit et se développa une école pédiatrique bordelaise : création de la première chaire chirurgicale pédiatrique en France avec  le Docteur Piechaud et de chaire de médecine infantile avec le Docteur  André Moussous, ainsi que la création de Docteur Cadenaule de la première école de puériculture. Les religieuses de Saint-Vincent-de-Paul devaient assurer, très longtemps le service de soins.
Malgré l'inconfort, l'exiguïté et de l'inadaptation des locaux, la population bordelaise témoignera toujours de son attachement à l'hôpital-hospice des Enfants du cours de l'Argonne, qui sera désaffecté en 1992.

Hôpital pédiatrique
©CHU de Bordeaux