Semaine de la santé publique 2024 - L'unité hospitalière sécurisée inter-régionale (UHSI)
A l'abri des regards, en hauteur de l'hôpital Pellegrin, l'unité hospitalière sécurisée inter-régionale (UHSI) regroupe agents pénitenciers, équipe (para)médicale, et patients détenus. Une organisation tout à fait différente d'un service dit « classique » de l'hôpital, et pourtant s'y effectuent les mêmes soins. Dr Claire Ragot, responsable de l'UHSI, nous ouvre les portes.
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Il y a plusieurs étapes avant d'entrer dans le service : vérification d'identité, dépôt des affaires personnelles, passage au détecteur de métal, le tout encadré par deux agents pénitentiaires, c'est en effet un monde à part à l'intérieur de l'hôpital. L'unité hospitalière sécurisée inter-régionale du CHU de Bordeaux prend en charge les patient.e.s détenu.e.s de la région Nouvelle-Aquitaine. Toutes les personnes qui ont besoin d'une hospitalisation de plus de 48h sont transférés au CHU de Bordeaux, seul hôpital de référence de la région, possédant un service fermé, sécurisé. L'unité, dont le fonctionnement est régi par le Ministère de la Santé et le Ministère de la Justice, peut accueillir jusqu'à 16 patients au sein de chambres fermées à clés, et qui mobilise jusqu'à trois agents pénitentiaires pour chaque examen. « C'est la spécificité de ce service : on doit travailler avec toutes ces contraintes, mais on doit offrir aux patients le maximum. »
L'équipe médicale est composée de médecins, infirmiers, aides-soignants, une psychologue, un psychiatre attaché, un kinésithérapeute, une diététicienne, une assistance sociale, une cadre de santé, des secrétaires « très aguerries, dû à l'organisation complexe des hospitalisations », le personnel pénitentiaire, et un agent d'insertion et de probation. L'unité accueille à partir de 13 ans, homme et femme. Les séjours peuvent durer moins d'une semaine (chirurgies mineures, bilans), comme plusieurs mois, notamment chez les patients pour qui le retour en détention est trop complexe (âge, handicap). « Les pathologies sont variées, on peut pratiquement tout recevoir, des pathologies cancéreuses, auto-immunes, vasculaires, de la cardiologie, de la chirurgie orthopédique, de l'addictologie On retrouve des pathologies liées ou aggravées par la précarité : les patients vont être diagnostiqués plus tard, ils ne consultent pas forcément. » Ce dernier point, comme l'explique Dr Ragot, est un enjeu fort au sein de l'UHSI : rendre les patients détenus acteurs de leur santé : « n'ayant pas leur date d'hospitalisation en amont, il est plus difficile pour eux de s'impliquer dans leur prise en charge, mais c'est très important. On œuvre également pour qu'il y ait une continuité des soins à leur sortie de détention. ». L'unité développe notamment la télémédecine, afin de permettre aux patients d'avoir un suivi médical plus rapide, qui ne nécessite pas d'escorte pénitentiaire.
L'UHSI est donc un maillage serré avec l'administration pénitentiaire, dans le respect de chacun : « Un patient, c'est un patient. On tient le secret médical, les agents pénitenciers ne détiennent aucune information médicale, et eux tiennent le secret pénitentiaire. [] Tout est sécurisé, il n'y a pas de violence, on ne se sent pas en insécurité. On doit s'occuper d'eux sans aucun jugement, et au contraire en restant dans une démarche de soin. Ce sont des personnes qui ont besoin d'un accompagnement, souvent très isolées, et on a l'impression d'apporter quelque chose sur le plan humain. Puis il y a la partie administration, c'est intéressant de travailler à la coordination de différents services, ça demande de la diplomatie et de l'adaptabilité, et de réfléchir à des projets plus globaux. » Ces projets rythment le quotidien de l'UHSI : Prévention des addictions, amélioration de la santé mentale et physique des patients (installation d'un tapis roulant et vélo au sein du service), mise en place de formation pour le personnel (para)médical, adaptés au contexte du service pour comprendre les réactions des patients, ainsi que leurs droits.

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