Maladie d'alzheimer : des troubles décelables 10 ans avant le diagnostic
Les conclusions d'une étude d'épidémiologie prospective de la maladie
d'Alzheimer, conçue, initiée et dirigée par le Pr Jean-François
Dartigues, CMRR, pôle neurosciences cliniques du CHU de Bordeaux
coordonné par le Pr Jean-Marc Orgogozo, ont été publiées en novembre
2008 dans la revue spécialisée américaine « Annals of Neurology ». Elles
ont révélé, en première mondiale, que les troubles sont décelables dix
ans avant le diagnostic Alzheimer.
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Copyright V Burger/Phanie
Cette étude, initiée par J-F Dartigues en 1986, est la plus ancienne de ce type dans le monde. Elle a été menée sur une population de 3800 personnes (sujets normaux) de 65 ans et plus, vivant en Gironde et Dordogne, suivies à domicile depuis 1989 tous les 1 à 3 ans.
Plusieurs variables ont été étudiées :
- test simple des fonctions intellectuelles globales
- test de mémorisation visuelle explorant la mémoire de travail
- évocation de mots sur commande explorant le stock verbal et la fonction exécutive
- mesure des capacités conceptuelles
- plaintes cognitives, notamment pour la perte de mémoire
- symptômes dépressifs exprimés
- difficultés dans la réalisation de 4 activités non-routinières de la vie quotidienne
Résultats
- les 4 tests neuropsychologiques (variables 1->4) commencent à décliner, significativement par comparaison aux sujets qui ne sont pas devenus déments, 10 A 13 ANS avant le diagnostic de MA ;
- les plaintes mnésiques et les sentiments dépressifs (5-6) sont exprimés 8
A 10 ANS avant le diagnostic et les difficultés à réaliser des tâches
un peu complexes (téléphoner, utiliser les transports, gérer les
médicaments, utiliser l'argent) 5,5 A 6,5 ANS avant le diagnostic.
Conclusion
C'est beaucoup plus long que tout ce que l'on pensait jusqu'aux résultats présentés dans ce travail. Bien avant la période d'accélération rapide du déclin des fonctions intellectuelles qui dure 2 à 3 ans avant le diagnostic avéré de MA, l'émergence des différents troubles décrits se manifeste 6 à 12 ans en moyenne avant le diagnostic, c'est-à-dire 3 à 9 ans avant ce que l'on arrive à détecter aujourd'hui dans les centres spécialisés. C'est la première démonstration convaincante de cette longue évolution silencieuse avant la MA avérée.Traitement et perspectives
Il n'y a pas encore de traitement capable de bloquer ni de ralentir significativement l'évolution de la Maladie d'Alzheimer mais un certain nombre d'innovations thérapeutiques (vaccins anti-amyloide et autres) sont à un stade avancé de développement.Beaucoup d'équipes travaillent, pour permettre l'émergence de cette nouvelle ère thérapeutique, à la mise au point de marqueurs biologiques ou d'imagerie cérébrale qui permettraient un diagnostic le plus précoce possible (comme le sérodiagnostic d'infection à HIV longtemps avant le diagnostic de SIDA).
Les résultats présentés dans l'article publié suggèrent que le diagnostic précoce de MA serait possible jusqu'à plus de 10 ans avant le début du stade de démence.
« Dès qu'un test fiable de dépistage de la MA sera validé, peut-être dans les 2-3 ans qui viennent vu les moyens mis par les états, les laboratoires de recherche et les sociétés spécialisées, on pourra passer aux essais thérapeutiques dans la MA asymptomatique, avant le stade irréversible et lourd de conséquences familiales, sociales et budgétaires de la démence avérée. »Pr Jean-François Dartigues, PUPH au service de neurologie
« Traiter à un stade plus précoce pourrait augmenter les chances de succès. En outre ralentir l'évolution de la MA a beaucoup plus de chances d'avoir un impact majeur en santé publique au stade pré-démentiel (du fait de l'espérance de vie courte de cette population très âgée) qu'au stade de démence avérée où les déficits cognitifs et fonctionnels sont déjà lourds de conséquences. »Pr Jean-Marc Orgogozo, neurologue, responsable du pôle neurosciences cliniques
Sources : dossier de presse CHU de Bordeaux - 20/09/2011