La cosmétovigilance

Il ne se passe pas une semaine sans que les risques liés à l'environnement ou aux nouvelles technologies ne fassent la une des médias, tandis qu'Internet regorge de sites dédiés à ces thématiques alimentant l'inquiétude de ceux qui les consultent.
Et il ne se passe pas une journée sans qu'un patient nous demande si l'utilisation de filtres solaires est toxique, si les parabens sont dangereux ou encore notre avis sur les cosmétiques bio.
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Peau et environnement : questions de patients, réponses d'experts

A ces questions récurrentes, souvent posées en fin de consultation, il est parfois difficile de répondre de façon brève et exacte. Nous avons sélectionné certaines d'entre elles, volontairement formulées en « langage patient ».

Les questions retenues

« Est-il dangereux de préparer ma peau au soleil en faisant des séances d'UV chez mon esthéticienne ? »
« Les cosmétiques bio, c'est mieux et moins risqué que les autres ? »
« Les parabens sont-ils vraiment dangereux ? »
« Quels cosmétiques contiennent des nanoparticules ? Est-ce sans danger ? » « L'aluminium des déodorants est-il dangereux pour ma santé ? »
« Les dangers du téléphone portable pour la peau ? »
« Toxiques et peau : est-ce que je prends des risques sur mon lieu de travail ? »
« Les huiles essentielles sont-elles dénuées de danger ? »



Présentation de la Cosmétovigilance

Qu'est ce qu'un cosmétique ?

Pour être un cosmétique un produit doit répondre à la définition française des cosmétiques

(Décret n°2000-569 du 23 juin 2000 ] Art. L. 5131-1 (CSP)) : «On entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l'épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d'en modifier l'aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles ».

Par cette définition

  • Le site d'application du cosmétique est bien déterminé (les produits pris par voie buccale ou injectés même à des fins esthétiques ne sont pas des cosmétiques).
  • L'élimination, et la métabolisation possible du produit ou d'un de ces ingrédients ne sont pas précisées.
 
Le produit cosmétique ainsi défini ne peut avoir d'allégation thérapeutique, et il n'est destiné qu'à l'homme (les shampoings pour animaux ne sont pas des cosmétiques).
Pour être un cosmétique, un produit doit aussi se conformer aux règles de sécurité définies par la directive européenne. Il s'agit surtout de règles d'étiquetage et de composition.
Pour résumer un certain nombre d'indices permet de s'assurer que le produit est bien dans le champ d'application des cosmétiques (respect des annexes, dénomination, conditionnement, mode d'emploi, étiquetage), mais il n'y a pas de critère absolu.

On peut ainsi différencier en France, dans le cadre des cosmétiques : 
  1. Les cosmétiques qui répondent à la définition et aux annexes ; ils peuvent être utilisés à titre privé ou sur le lieu de travail ou en outils de travail.
  2. Les cosmétiques à allégation thérapeutique. Ils sont les seuls à avoir des études à priori, études portant sur leur efficacité et non sur leur sécurité.
  3. Les cosmétiques illicites par composition, par allégation, par étiquetage
 
Important : les cosmétiques ne bénéficient pas, contrairement aux médicaments, de la notion du rapport bénéfice/risque : ils ne doivent pas « nuire à la santé humaine dans les conditions normales d'utilisation ».

La cosmétovigilance : c'est la plus jeune des vigilances publiques (créée en 2004) : c'est un système de notifications d'effets indésirables qui repose sur les professionnels de santé et l'Afssaps. Les effets indésirables à déclarer sont ceux qui sont graves et aussi ceux qui paraissent graves au clinicien. Les effets indésirables peuvent être observés après un mésusage, les produits peuvent être utilisés à titre privé, ou sur le lieu de travail (savons industrielles ou hospitaliers), ou comme outils de travail (coiffeur, esthéticienne).  Depuis 2006 le recueil de données concerne aussi, les effets indésirables et faits nouveaux, dans le cadre de recherche biomédicale portant sur un produit cosmétique ou de tatouage.
L'objectif de cette vigilance est d'assurer la sécurité des consommateurs en sécurisant les produits : c'est un objectif de Santé Publique.

Un exemple

Les tatouages temporaires au henné noir peuvent provoquer des réactions allergiques graves.

Depuis quelques années, en Belgique et à l'étranger, les dermatologues ont constaté un nombre croissant de réactions allergiques sévères provoquées par des tatouages éphémères au henné contenant de la para-phénylènediamine (PPD). La PPD est une substance très allergisante, autorisée dans les teintures pour cheveux, mais interdite dans les produits à appliquer directement sur la peau.

Avec le henné pur, les réactions allergiques sont rares. Quand les préparations colorantes ne contiennent que du henné, il faut plusieurs heures pour colorer la peau et la coloration obtenue est orange à marron rouge. Si de la PPD est ajoutée, le dessin sera plus noir et apparaîtra plus rapidement, mais le risque d'allergie est alors très important.

Les réactions allergiques provoquées par la PPD apparaissent généralement 2 à 3 jours après l'application du tatouage éphémère chez un sujet déjà sensibilisé, mais ne peuvent apparaître qu'après une dizaine de jours, quand le tatouage est à l'origine d'une sensibilisation primaire (ce qui est souvent le cas d'ailleurs). Différents symptômes ont été observés : démangeaisons, rougeurs, boutons, ampoules, érosion. Une hyper pigmentation de la peau et des cicatrices peuvent persister.

En principe, est sensibilisé à vie et développer ensuite des allergies à tous les produits qui contiennent de la PPD ou des produits analogues, notamment les teintures capillaires, certains colorants textiles, caoutchoucs, filtres solaires, voire même certains médicaments.

Lorsque de telles réactions apparaissent, il faut contacter rapidement son médecin ou son dermatologue qui prescrira le traitement adéquat.

Ces tatouages éphémères sont généralement réalisés par des artistes ambulants, sur les plages, dans des foires ou des festivals. Les jeunes en sont particulièrement friands.

A l'étranger, les tatouages au henné sont souvent proposés aux touristes.

En Belgique, des contrôles seront organisés par le Service Inspection du Service Public Fédéral Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement dans les lieux sensibles.

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> Dermatologie et dermatologie pédiatrique
Pr Alain TAIEB - chef de service

Invité plateau France 3  Aquitaine sur le sujet : Dr Brigitte MILPIED, dermatologue  - groupe hospitalier Saint-André

Information du 31/05/2012