Une première française au CHU de Bordeaux : la chirurgie hybride pour le remplacement valvulaire mitrale chez un nourrisson de 4kg
Les enfants présentant une malformation congénitale de la valve mitrale,
qui se situe entre l’oreillette gauche et le ventricule gauche, doivent
bénéficier d’une chirurgie à cœur ouvert afin de réparer cette
anomalie.
Ce site utilise Matomo pour analyser votre navigation dans le respect du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Voulez-vous nous aider à améliorer le service offert en autorisant Matomo à collecter ces informations ? En savoir plus
Voulez-vous nous aider à améliorer le service offert en autorisant Matomo à collecter ces informations ? En savoir plus
Il s’agit d’une chirurgie délicate, surtout lorsqu’elle est
réalisée chez un enfant de petit poids, avec des chances de succès
variables en fonction de la sévérité de l’atteinte valvulaire.

C’est le cas de la petite E., suivie dans le service des maladies cardio-vasculaires congénitales du CHU de Bordeaux, qui du fait de cette malformation a dû subir 3 interventions à cœur ouvert durant ses premiers mois de vie, sans que sa valve n’ait pu être réparée de manière satisfaisante, entrainant une insuffisance cardiaque pouvant la mener au décès.
Dans ce cas de figure, la seule possibilité de traitement est de réintervenir pour mettre en place une prothèse valvulaire mécanique qui pose 2 principaux problèmes :
- Les prothèses disponibles sont fabriquées pour des adultes et peuvent difficilement être insérées dans un petit cœur de nourrisson du fait de leur grande taille (E. pèse 4 kg, sa valve mitrale mesure 12mm alors que la plus petite prothèse mécanique disponible mesure 18mm)
- Elle nécessite pour bien fonctionner un traitement anticoagulant visant à fluidifier le sang mais qui reste très difficile à équilibrer chez l’enfant ce qui peut entraîner notamment des surdosages et des saignements gravissimes. La petite E. était donc dans ce cas de figure avec une impasse thérapeutique et un pronostic très sombre.
Une alternative thérapeutique récemment décrite par l’équipe de Boston est de mettre en place à la place de la valve mitrale défectueuse une prothèse valvulaire biologique cousue sur un stent (la prothèse Melody, Medtronic Inc.), celle-ci étant à la base dédiée à être implantée par cathétérisme (en passant par les veines de la jambe pour accéder au ventricule droit, sans avoir à ouvrir le thorax), au niveau de la valve pulmonaire.
Le stent peut être dilaté de 16 à 22mm mais la valve fonctionne très bien lorsque le stent est dilaté à 12 ou 14mm, ce qui correspond à la taille d’une valve mitrale de nourrisson. Cette prothèse est insérée par voie hybride à cœur ouvert, avec le concours des chirurgiens et des cardiologues cathétériseurs qui mettent en commun leurs compétences.
En effet, on ne peut accéder à la valve mitrale via les vaisseaux d’un enfant de ce poids, ce qui nécessite qu’un chirurgien ouvre le cœur et permette aux cathétériseurs d’insérer le stent valvé directement au sein de la valve mitrale. Le stent est ensuite déployé par les cardiologues jusqu’à venir épouser la taille de la valve mitrale de l’enfant (soit 12 à 14mm), puis suturé sur le pourtour de l’anneau par les chirurgiens, qui referment ensuite le cœur.
Cette procédure, qui a été réalisée avec succès chez E. dans la courant du mois de mai, est une première en France et a permis de sauver cette enfant qui ne présente désormais plus d’insuffisance cardiaque et va pouvoir regagner son domicile.
Cette procédure nécessite une collaboration étroite entre chirurgiens et cardiologue, ce qui est un atout majeur de l’équipe de cardiologie congénitale du CHU de Bordeaux, et qui a permis à l’équipe de travailler main dans la main pour réaliser cette première implantation en France.
Ce type d’intervention hybride ainsi que les propriétés de cette prothèse ouvrent des perspectives de traitement réjouissantes pour les enfants dans le cas d’E. qui sont dans une impasse thérapeutique mais à qui on pourra désormais proposer cette alternative avec des chances de succès importantes.
Information juin 2017 - Auteur : Dr Mohamed Zakaria Jalal