Semaine du handicap - Portraits de professionnels - Pascale

Pascale, aide-soignante, est en situation de  handicap visuel. Elle a longtemps attendu avant de faire la démarche de reconnaissance de handicap. Elle compensait comme elle pouvait au regard de ses difficultés visuelles et l'habitude faisant, ni elle ni ses collègues ne s'en rendaient compte. C'est l'arrivée d'un nouveau cadre dans son service de l'époque qui va être déclencheur de la démarche de reconnaissance de handicap et de son aménagement de poste.
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Pascale aide-soignante en situation de handicap visuel - CHU de Bordeaux Temoignage

 « J'ai débuté ma carrière au CHU de Bordeaux en tant qu'aide-soignante auprès des patients il y a plus d'une vingtaine d'années.
J'ai ensuite exercé mon métier en salle au bloc opératoire. C'est lors de cette période que je me suis rendue compte que quelque chose n'allait pas.  J'avais de plus en plus de mal à lire, à évaluer les distances, à distinguer les visages et j'étais extrêmement fatiguée.
Pour compenser mes difficultés, j'avais mis en place des stratégies : je me garais toujours au même endroit, je comptais mes pas, les marches etc j'ai développé une mémoire incroyable car je devais tout enregistrer en peu de temps !  J'ai décidé de consulter.
Dans un premier temps, mon ophtalmologiste n'a pas su détecter mon problème et on a associé ma maladie à de la dépression. J'ai donc dû me battre pour prouver que j'avais un réel problème de vision. A la suite de la consultation d'un  spécialiste au CHU de Bordeaux, le diagnostic tombe : j'ai une maladie auto immune évolutive qui détruit la rétine. Tout s'explique.

Après  des mois d'arrêts maladie, je  reprends le travail. Mes missions sont aménagées et je sors petit à petit des missions du bloc. J'y ai géré la logistique durant quasiment 8 ans.  Une nouvelle cadre arrive dans le secteur et me parle du dossier de reconnaissance de handicap. C'est elle qui me convainc de faire le dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) : cette  démarche a été pour moi très difficile car je ne me sentais pas handicapée. Pour moi, être handicapée c'était un mot très fort, c'était l'assistanat ! Mais grâce à ce statut de travailleur handicapé, le CHU de Bordeaux a pu faire appel au SAMETH (le Service d'Appui au Maintien dans l'Emploi de Travailleurs Handicapés) et j'ai pu avoir du matériel adapté à ma pathologie : logiciel, écran et clavier adaptés et des lunettes jaunes qui apaisent les lumières. Vous allez rire mais j'ai été impressionnée de ce que je pouvais voir après toutes ces années !

Ces lunettes m'ont apportées beaucoup de confort. Il a fallu par contre apprendre à accepter le regard des autres quand je les porte. C'est une autre épreuve.

Après mes missions au bloc d'orthopédie, j'ai rejoint le bloc de la maternité. Mon handicap est invisible, j'en ai parlé très clairement dès mon arrivée dans le service. Comme je suis une professionnelle comme les autres, c'est-à-dire efficace et autonome,  ma maladie a été vite oubliée. Aujourd'hui en tant que référente matériel, je m'occupe de la gestion et des pannes de matériel. J'ai aussi beaucoup de contact avec le biomédical et l'économat. Je travaille pour les urgences et la salle de naissance et j'ai aussi une mission auprès de la cadre pour des travaux par exemple. Mes compétences d'aide-soignante sont un plus pour ce poste.
Si je devais donner des conseils : Il faut en parler aux cadres et oser demander de l'aide et surtout il ne faut pas rester seul dans son coin avec ses difficultés : on peut trouver sa place avec un handicap ! "
 

L'œil RH...

J'ai souvent des témoignages de personnes avec une déficience visuelle qui compensent spontanément leur situation de handicap. Ils se rendent compte des efforts qu'ils fournissent dès lors que l'on a aménagé leur poste de travail. Dans son témoignage, Pascale nous a expliqué qu'à défaut d'identifier clairement les visages des personnes de son entourage, elles les identifiaient par leur façon de se mouvoir, leur odorat etc si bien que personne ne se rendait compte de ses difficultés. La cadre de Pascale joue un rôle essentiel dans le déclenchement des aides qu'on peut lui apporter grâce à sa connaissance des dispositifs. C'est important de faire connaitre les moyens d'actions de la mission handicap aux agents mais également à nos personnels d'encadrement qui sont un relais important.
Hélène Delacourt
Référente handicap

 
Novembre 2020