prevention du cancer du col de l'uterus vaccination anti hpv et depistage

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Le virus du papillome humain (VPH), également appelé HPV pour Human papillomavirus



 Pour prévenir le cancer du col, deux moyens sont à notre disposition : la vaccination et le dépistage des lésions précancéreuses par frottis.
Les vaccins sont formés à partir de particules pseudo-virales spécifiques des HPV 16 et 18 (Cervarix®) ou des HPV 6, 11, 16 et 18 (Gardasil®). Ces types viraux sont fréquemment associés aux cancers du col et de la vulve (70 à 80% pour HPV 16 et 18) ou aux verrues génitales bénignes encore appelées condylomes génitaux (90% pour HPV 6 et 11).

 Chez des jeunes filles non infectées par les génotypes vaccinaux et ayant respecté le protocole, la vaccination prophylactique prévient les états précancéreux du col et de la vulve appelés dysplasies cervicales (CIN) et vulvaires (VIN) induites par les HPV 16 et 18 dans plus de 98% des cas avec un recul supérieur à 5 ans. Gardasil® prévient en outre les condylomes génitaux dans 100% des cas. Dans les populations en intention de traiter, reflétant la « vraie vie », l'efficacité sur la prévention des CIN2/3 et VIN2/3 induites par HPV 16 et 18 et par tous types d'HPV n'est que de 44-71% et 19-30% respectivement. Ces données sont en faveur du maintien d'un suivi après vaccination pour dépister les lésions induites par les autres HPV.

 La tolérance des vaccins à court et moyen terme est très satisfaisante. Les effets indésirables sont fréquents sur le site d'injection (> 80%) ; il s'agit d'une inflammation locale classique après injection intra-musculaire de vaccin et qui est transitoire. Des effets généraux comme un syndrome grippal transitoire peuvent survenir dans la moitié des cas. Ces effets sont de faible intensité et n'ont quasiment aucune influence sur le déroulement du protocole vaccinal. Le vaccin n'a pas montré d'effet délétère sur l'issue des grossesses. Ces résultats favorables provenant initialement des études cliniques sont maintenant confirmés en population réelle par l'analyse des registres de pharmacovigilance.

 Les 2 vaccins prophylactiques sont remboursés à 65% chez les jeunes filles répondant aux recommandations de l'HAS. L'âge de la population cible est de 14 ans ; la vaccination de rattrapage peut être faite chez les femmes de 15 à 23 ans qui n'auraient pas eu de rapports sexuels ou au plus tard, dans l'année suivant le début de leur vie sexuelle.

En Australie où la vaccination a débuté précocement, des effets en population réelle commencent à être observés avec une diminution de la fréquence des verrues génitales et plus récemment des CIN2/3. Mais dans ce pays, le taux de couverture vaccinale des femmes de 12 à 26 ans était supérieur à 70%.

 En France, le taux de couverture vaccinale de la population des femmes de 15 à 23 ans est nettement inférieur à 50%. De plus, l'observance est médiocre (< 50% de vaccination complète). Les mères ne semblent pas être un frein majeur à la vaccination et les médecins connaissent les bienfaits de la prévention. Malgré cela, la couverture vaccinale reste médiocre, essentiellement à cause du climat de suspicion autour de la vaccination et plus généralement des médicaments innovants.

 Après 25 ans, le frottis du col doit être réalisé aux femmes tous les 2 ans environ. Les lésions précancéreuses dysplasiques (CIN) ainsi dépistées sont soit surveillées (CIN1), soit traitées (CIN2/3) par une petite opération consistant à « raboter » le col appelée conisation. Cette intervention risque d'abimer le col et de provoquer plus tard des accouchements prématurés.

 Au CHU de Bordeaux, nous utilisons une technique de détection virale originale appelée génotypage, c'est-à-dire que lorsque le frottis est anormal, nous identifions le nombre et le type de virus responsables des lésions. Nous participons aussi depuis presque 10 ans au développement d'un vaccin thérapeutique non encore commercialisé, qui neutralise certains HPV associés aux CIN2/3 et évite ainsi la conisation. Enfin, en 2012, en association avec les CHU de Toulouse et de Limoges, nous piloterons un programme de surveillance commun des femmes conisées par de multiples tests viraux avancés afin de prédire le risque de récidive qui est de l'ordre de 10%.

Pr Jean-Luc BRUN - service de gynécologie-obstétrique et reproduction
Pôle de gynécologie, obstétrique et reproduction, groupe hospitalier Pellegrin - CHU Bordeaux

 Voir le sujet sur France 3 Aquitaine (diffusion le 9/01/2012)